Le défi de la vie et du temps
- Nathalie Barre Tricoire

- 19 déc. 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 déc. 2019
Chronique de décembre 2019

Quand on y réfléchit, on se rend compte à quel point le temps qui passe peut sembler rapide ou tout au contraire interminable. Il est des périodes pour lesquelles on dit que le temps a filé trop vite, « qu’on n’a pas vu le temps passer » …et d’autres qui paraissent des moments arrêtés. Il en va ainsi de notre vie mais aussi de la vie des entreprises.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le lexique utilisé soit souvent le même : ne parle-t-on pas de la croissance de nos enfants ou d’une entreprise en croissance ? Et c’est aussi le cas avec le « développement », la « maturité », les périodes de « transformation », les « ruptures et les crises », mais aussi le « déclin » ou la « disparition » …
Pour les entreprises, le législateur a voulu que leur durée de vie soit obligatoirement mentionnée dans leurs statuts, avec un maximum de 99 ans, cette durée, une fois atteinte, pouvant être prolongée autant que souhaité par les dirigeants …l’entreprise ayant ainsi, contrairement à l’homme, la capacité de prolonger sa vie de manière quasi illimitée !
Pour les hommes, contrairement à ce que nous pensions jusqu’à récemment, des neurobiologistes ont démontré que nous renouvelions sans cesse notre stock de neurones et que cette neurogenèse est indispensable à la formation de nos souvenirs et à la gestion de nos émotions. On apprend donc tout au long de notre vie et cet apprentissage s’enrichit de ce que nous avons précédemment appris pour peu que nous tendions l’oreille, ouvrions les yeux et allions à la rencontre de l’autre. La vie n’est pas illimitée mais « augmentée » un peu plus chaque jour !
Alors que l’entreprise pourrait s’inscrire dans le « temps long » au-delà du « temps de l’homme », la durée de vie moyenne d’une entreprise est bien plus courte que notre propre durée de vie, la plupart n’atteignant pas les 50 ans. Parallèlement, alors que notre espérance de vie ne cesse d’augmenter, l’espérance de vie d’une entreprise ne cesse de diminuer avec un taux de « mortalité » très élevé au cours des 5 premières années (selon une étude McKinsey, la vie moyenne d’une entreprise cotée était de 61 ans en 1958 contre 18 ans actuellement !).
Faut-il en déduire que l’individu s’adapte plus rapidement et plus facilement à son environnement que ne le font les entreprises ?
Faut-il adopter la théorie schumpétérienne (de Joseph Schumpeter – économiste 1883 – 1950) de la « destruction créatrice » selon laquelle l’innovation et le progrès technique entrainent la disparition des entreprises les plus anciennes et l’émergence des nouvelles ?
Le défi du temps s’impose à nous en tant qu’individu mais aussi aux entrepreneurs : gérer le quotidien ou prévoir le court terme, prendre soin de soi et des autres ou maintenir sa solidité financière et envisager son avenir ou une stratégie de long terme… La vie n’est finalement rien d’autre que de prendre le temps, d’en chercher le « sens » ou la « raison d’être » !
Au-delà de l’innovation, de l’agilité et de l’adaptation, le secret de la longévité tient peut-être dans la curiosité entretenue au fil des années, dans cette capacité d’émerveillement au changement et d’ouverture aux autres, dans le mouvement et l’action car apprendre et explorer puis penser et comprendre puis agir et innover et enfin, aimer pour transmettre aux générations futures sont bien là les défis de tout homme et de toute entreprise.



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