Comme un air de musique
- Nathalie Barre Tricoire

- 13 juin 2020
- 2 min de lecture
Chronique de juin 2020

Plus aucun doute désormais : le télétravail depuis son domicile devient possible même lorsqu'il était considéré comme impossible il y a seulement quelques semaines. Il est possible et surtout il est devenu indispensable dans bien des cas pour le maintien de l’activité… Ceux qui en rêvaient l’ont pratiqué intensément et en ont touché les limites, ceux qui le rejetaient y ont été invités et en ont goûté les avantages.
Malgré l’incitation déjà ancienne des pouvoirs publics pour développer le télétravail à domicile et un assouplissement de la réglementation en 2018 pour en permettre son développement, celui-ci restait, avant le confinement, assez peu pratiqué et quand il l’était, l’était surtout par des cadres. Selon différentes études, on estime à seulement 17 % le nombre de salariés pratiquant le télétravail une fois par semaine.
Pourtant, le télétravail est apprécié des salariés et la période que nous venons de vivre confirme cet attrait : gain de temps dans les déplacements, souplesse dans l’organisation, plus grande concentration et meilleure satisfaction dans l’équilibre vie privée / vie professionnelle.
Pour les entreprises, le télétravail présente aussi de nombreux atouts avec une meilleure efficacité professionnelle des salariés et une possibilité d’optimisation des coûts d’infrastructures immobilières.
Alors comment expliquer cette résistance à une pratique plus régulière et plus forte ?
Sans doute, une crainte irrationnelle de perte de contrôle, un sentiment erroné de baisse d’efficacité pour les entreprises et des habitudes très fortes considérant que le travail ne peut être que « hors de chez soi ». Malgré les chiffres qui démontrent le contraire, les préjugés ont souvent le dessus sur les constats factuels.
Julia de Funès, philosophe et conférencière, considère même que le télétravail agit «comme un tamis. On ne voit que la performance. Impossible de faire semblant de travailler ».
Le télétravail permet la concentration et la réflexion sans l’environnement collectif qui peut apporter de la perturbation. Et d’ajouter que l’entreprise est un lieu de représentation permanente qui « accapare une partie de l’esprit ».
Mais si cette période de télétravail « continue sur plusieurs semaines » a permis de faire la démonstration que c’était possible, chacun reconnait que rien ne remplace les relations « réelles ».
Car si presque rien ne manque pour bien travailler à distance, ce presque rien change presque tout….les conversations entre collègues, les discussions au travail qui ne parlent pas du travail…et qui pourtant créent ce que l’on nomme le « lien social » au travail. Finalement, on partage un peu de sa vie au travail alors que le télétravail nous oblige inconsciemment à limiter nos échanges aux activités professionnelles.
Si le confinement a été une parenthèse utile pour réfléchir, un chemin de retour sur soi, abordons le chemin de retour vers les autres avec un rythme différent favorisant sans doute, une plus grande sincérité dans ce qui est « autour du travail » et qui participe à la confiance et la cohésion d’équipe nécessaire "dans le travail".
Et, comme un air de musique, il nous faut trouver une parfaite harmonie et un certain équilibre entre travail à domicile et travail dans l’entreprise, rencontres entre collègues, plaisir de l’échange et concentration à distance.
Prenez soin de vous, ensemble, prenons soin de tous.



Très juste, bien argumenté et dans mon cas : très utile !